Vos récits – Cendrine

« L’année 1994 a changé ma vie. Du haut de mes 23 ans, j’allais être confronté à une pathologie que je ne connaissais pas. A partir de l’ablation de la surrénale droite, je suis rentrée dans un combat auquel je ne m’attendais pas. Il m’a fallu l’opération suivante au poumon gauche à cause des nodules pour vouloir mettre un nom sur cette maladie. Bien sûr, je prenais du mitotane, fludro et hydrocortisone mais j’avais mis la tête dans le sable. Je n’étais pas prête à entendre le nom de cette nouvelle compagne : le corticosurrénalome. Et puis pour mon fils âgé alors de 3 ans en 1995, j’ai décidé de l’affronter. L’annonce fut très rude. Le professeur me l’a annoncé dans un bureau sans âme à Paris. Et là descente aux  fils et finalement mon moteur…Au total, j’ai vécu 6 interventions (ablation surrénale droite, poumon gauche, rein droit, et une partie du foie).  Le fameux traitement et cocktail, je l’ai pris de 1994 à 2006 non-stop avec tous les effets secondaires et les baisses de morales (anorexie médicamenteuse notamment) qui vont avec. En parallèle, j’avais fait une psychothérapie de 5 ans pour finalement évacuer mes angoisses et protéger ma famille aussi. Et puis en 2006, soit 5 ans après la dernière intervention, je décide d’arrêter la chimio contre avis médical avec le soutien de mon mari rencontré en 1998. Dès son arrivée dans ma vie et celle de mon fils, il a été un soutien inébranlable. Allant bien dans ma tête et dans ma vie, forte de mes sensations je l’ai fait, je l’ai arrêté. 

Bien sûr, un contrôle régulier a été mis en place à peu près tous les 16 mois. Les années sont passées et les contrôles sont devenus mon baromètre. Et voilà  il y a un mois l’inimaginable s’est produit. En mai lors de mon rdv avec le professeur sur Bordeaux et alors que je pensais monter sur Paris pour le suivi, il m’annonce qu’il ne veut plus me voir : « 12 ans après l’arrêt de la chimio et sans récidives nous n’avons pas de raison de continuer à vous suivre. Nous sommes devant un cas de guérison totale. » Une nouvelle fois, je ne m’y attendais pas. Donc prochaine et dernière visite rdv en 2021 pour tourner la page définitivement. J’aurais cette année-là 50 ans. Quelle année en perspective !

Malgré ce que j’ai pu entendre tout au long de cette lutte, ma devise était : je ne lâche rien et tu ne m’auras pas.   

Maintenant, il faut que je me prépare à vivre sans elle. Je suis partagée entre peur et joie.  Cette maladie qui m’a tant fait souffrir moralement et physiquement mais qui m’a permis de me connaître… Quel paradoxe !! Quelle aventure de vie ce corticosurrénalome ! »